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Types de communication
Comment aider votre enfant à mieux communiquer ?
Les moyens linguistiques de communication
Communiquer c’est faire passer du sens, c’est se faire comprendre.
On peut utiliser différents moyens pour communiquer avec quelqu’un (un regard, un sourire…). Cependant lorsqu’on parle de communication linguistique entre deux personnes, on évoque le fait qu’elles emploient un moyen conventionnel commun, un code linguistique, c’est à dire une langue.
Chacun peut ainsi être uniligue, bilingue, trilingue … C’est à dire connaître une ou plusieurs langues et les utiliser sous la forme orale et écrite.
Il existe une langue, sous une forme gestuée (la langue des signes), dont peut se servir toute personne qui, pour des raisons diverses, n’utilise pas sa langue oralement. Cette forme gestuée n’a pas d’équivalent sous forme écrite.
On apprend une langue par l’usage, dans la vie quotidienne à travers l’ensemble des situations vécues, répétées de multiples fois et grâce aux interactions qui existent entre celui qui la connaît et celui qui se l’approprie : c’est une construction à deux.
Le petit enfant naît sans connaissance d’un code linguistique particulier ; il est en mesure d’en assimiler un ou plusieurs et pourra le faire, durant ses premières années, grâce au fait que l’entourage utilise -en s’adressant à lui et dans les conversations tenues autour de lui- une langue structurée (c’est à dire obéissant à des règles précises de construction).
Les parents ont légalement le droit de choisir pour leur enfant sourd entre :
- la seule langue française parlée et écrite,
- et le bilinguisme (Langue des signes + langue française parlée et/ou écrite).
Quelques soient le choix et les raisons qui y président, il est très important que l’enfant puisse communiquer le plus tôt possible à l’aide d’une « vraie « langue, parlée ou signée. Les parents doivent donc éviter, au-delà d’une première communication multimodale, d’utiliser des moyens de communication non linguistiques (mots et gestes ou signes juxtaposés sans syntaxe).
Sachez que tous les établissements ou toutes les équipes n’ont pas le même projet éducatif, n’emploient pas les mêmes méthodes. C’est à vous que revient le choix, il est important que le projet de l’établissement ou de l’équipe soit en conformité avec votre propre projet.
La communication orale
Avant que l’enfant entendant ne prononce ses premiers mots (autour de un an) il s’est passé une période riche d’interactions au cours de laquelle il a développé son attention aux sons du langage en même temps qu’il a mis en relation les mots perçus et la réalité qui l’entoure (compréhension). Il est, enfin, devenu capable sur le plan psychomoteur d’associer des mouvements articulatoires (ceux-ci succèdent au gazouillis des premiers mois, jeu vocal spontané, et au babillage).
Sa sensibilité aux intonations de la voix, au rythme et à la mélodie de la parole lui a apporté une information globale sur la signification du message (valeur affective). Il a pris plaisir à répéter certains sons (ma, pa, ta, mama...) que l'entourage a repris avec lui en y associant la désignation d'une personne ou d'une chose. Dès la naissance et pendant des années, l'enfant construit son langage car l'entourage lui fait comprendre de quoi il est parlé.
Pour cela il recourt -en plus des paroles -aux mimiques (désignation, dénégation, approbation, interrogation, surprise...) et aux gestes qui imitent les objets, les situations ou les actions.
L’enfant sourd ne se différencie pas de l’enfant entendant jusqu’à environ 6/7 mois : il commence à babiller et peut émettre spontanément quelques syllabes. Mais faute d'informations auditives, il n'augmente pas et ne modifie pas ses émissions vocales. Celles-ci vont peu à peu disparaître si elles ne sont pas stimulées.
Suivant son degré de perte auditive, il sera plus ou moins sensible aux intonations de la voix, au rythme de la parole qu'il pourra percevoir par l'audition et/ou par sa perception des vibrations.
L'enfant atteint de surdité sévère ou profonde ne pourra pas franchir spontanément les étapes suivantes.
Il devra donc bénéficier d'une éducation adaptée afin de :
- tirer parti au maximum de ses restes auditifs, à travers la stimulation et l'entraînement auditif.
- exploiter sa suppléance visuelle et tactile pour comprendre les messages.
- exercer ses aptitudes phonatoires pour se faire comprendre. Rappelez-vous que ces actions ne seront efficaces que si l'enfant, quotidiennement, vit des échanges dans lesquels la langue française est utilisée.
La langue parlée est visible. La lecture buccofaciale est la perception de l'ensemble des mouvements de la bouche et des lèvres qui permet de reconnaÎtre visuellement les sons de la parole.
La personne qui "lit sur les lèvres" prend également en compte les mimiques, regards, gestes naturels... qui accompagnent le message et donnent des indications sur le sens. Dès le berceau, l'enfant entendant est sensible à cet ensemble signifiant et l'utilise, avec la perception auditive, pour capter les messages.
L'enfant qui n'entend pas ou peu pourra percevoir les éléments visuels mais à certaines conditions: en s'adressant à lui, en particulier, en se plaçant à sa hauteur, en pleine lumière, en ne parlant pas trop vite mais en articulant correctement (sans excès), l'entourage aidera l'enfant à exercer sa lecture buccofaciale dans la vie courante.
Certains enfants éprouvent plus de difficultés que d'autres pour acquérir cette compétence.
Cette lecture buccofaciale représente toujours et pour tous un gros effort et demeure source de bien des confusions, parce qu'un certain nombre de mouvements labiaux sont identiques (sosies). Pour rendre la langue parlée plus visible, il existe une aide visuelle, la LPC, qui renforce la capacité de l'enfant à décrypter visuellement les messages, même en l'absence de perception auditive.
La langue française parlée complétée (LPC)
La Langue française Parlée Complétée (LPC) a été conçue pour aider l'enfant sourd à percevoir visuellement la langue parlée : il apporte les informations manquantes et dissipe les ambiguïtés de la lecture buccofaciale.
On peut dire que la LPC rend la langue parlée visible, dans sa totalité et de façon fiable, à condition que la personne qui parle prenne soin de laisser son visage bien visible et d'articuler correctement.
La LPC est essentiellement un outil de parents.
Il leur permet de vivre leur rôle d'acteur de premier plan: "coucou", "attends, mon bébé", "maman est là", "viens c'est l'heure du bain".
Parce que le canal visuel est intact, il est possible de parler à son enfant en sachant qu'il nous voit parler et coder et que ce qu'il voit aura bientôt un sens, grâce à une utilisation fréquente en situation.
Le tout petit enfant sourd à qui l'on parle naturellement, tout en utilisant "les clés" du LPC, s'approprie le français selon un processus spontané ~à condition toutefois que le contenu du message ait un sens pour lui et suscite son intérêt. Le vocabulaire et la grammaire mais aussi la conscience phonologique vont se développer et s'enrichir.
À quel âge peut-on utiliser la LPC ?
Le plus tôt possible; il existe en effet une période sensible pour apprendre une langue que l'on situe dans la petite enfance, cet âge tendre où l'on apprend par imprégnation et imitiation.
La LPC aide-t-il l'enfant à s'exprimer oralement ?
Non. À lui seul il ne suffit pas. Il est, en premier lieu, une technique d'aide à la réception de la langue parlée. L'expression orale, elle, s'installe chez tous les enfants du fait que l'audition de la parole entraÎne l'émission. Il est donc indispensable de proposer un entraînement de l'audition et de perceptions vibratoires ainsi que des méthodes éducatives favorisant l'expression orale et l'acquisition d'une parole intelligible.
Dès lors que la langue (le français) se construit bien "dans la tête" de l'enfant, même si la qualité de sa parole laisse encore à désirer, celui-ci développe sa pensée, s'empare de la culture enfantine et sera préparé à l'apprentissage de la lecture.
Or, pour devenir autonome dans ses apprentissages, l'enfant sourd a besoin, plus que tout autre, de devenir un bon lecteur et il n'y a pas de bon lecteur sans une bonne maÎtrise de la langue.
Plus qu'une aide technique à la lecture sur les lèvres, la LPC est un outil facilitant l'apprentissage de la langue française (le LPC facilite également l'apprentissage des langues étrangères).
La maîtrise de la langue française permet à certains enfants moyennant des aménagements (codeurs présents dans les classes, par exemple) de suivre une scolarité dans des classes ordinaires jusqu'en terminale.
La LPC a été introduite en France par des parents qui l'ont enseignée à d'autres parents et ont milité pour le faire reconnaÎtre et en démontrer la valeur.
La LPC est aussi utilisée par de nombreux professionnels ; il ne faut pas oublier que son efficacité sera cependant limitée si les parents ne codent pas à la maison.
La langue des signes française (LSF)
Les premiers signes, ceux qu'on utilise avec un petit, sont proches des signes naturels (comme manger, dormir, content, donner et aussi gentil, maman, papa...) et ils seront compris rapidement à condition qu'ils soient présentés en situation et répétés au fil des jours. L'enfant va pouvoir ainsi comprendre un message, le retenir et s'exprimer ensuite en signes.
La LSF est une véritable langue, elle permet à l'enfant comme à l'adulte d'exprimer sa pensée dans une forme structurée.
Une différence très importante existe entre la LSF et la langue française. Leurs syntaxes (grammaires) n'ont pas de points communs. Il n'est pas possible de "parler" deux langues en même temps! Aucune synchronisation n'est possible entre la langue orale et la langue gestuelle, comme l'illustre l'exemple ci -dessous : "Viens, c'est l'heure du bain".
Les signes de la LSF offrent l'avantage d'être accessible à l'enfant sourd puiqu'ils utilisent seulement le canal visuel.
Pour que l'enfant, l'adolescent, acquière une LSF juste, il faut qu'on dialogue, avec lui, en LSF, de manière correcte.
Pour l'apprendre, l'enfant sourd passe par des étapes semblables à celles de l'apprentissage de toute langue. Il doit associer un signe à une personne, une chose, une action, un lieu, et peu à peu associer les signes afin de faire des phrases. On note ainsi des erreurs, des "signes bébé" comme, chez l'enfant entendant qui commence à parler, on repère une progression vers le langage adulte.
La langue des signes présente des variantes selon les pays; c'est pourquoi on parle de Langue des Signes Française.
L'enfant devra plutôt apprendre la LSF au contact d'enseignants ou éducateurs sourds tandis qu'il développera sa connaissance de la langue française auprès de son entourage familier et dans toutes les circonstances d'intégration (famille, école, loisirs).
Dans la communication en Langue des Signes, l'expressionnisme corporel et facial est indispensable : mimiques, attitudes font partie intégrante du message. Apprendre la LSF pourra vous aider à devenir plus expressif au niveau de votre visage et de votre corps et cela sera très bénéfique dans vos échanges avec votre enfant.
Nombre de parents, dans la vie quotidienne, ont une communication en langue orale avec association de signes. On ne dit pas qu'ils utilisent la LSF mais la langue française avec adjonction de signes. Cela favorise une compréhension plus immédiate chez l'enfant. Certaines équipes proposent une systématisation de cette pratique sous le nom de Français Signé.
La présentation de la LSF à l'enfant tout petit favorise la mise en place de ses représentations mentales (images, idées) et donc le développement de sa pensée. L'apprentissage de la langue orale française pourra en être favorisé dans la mesure où l'enfant bénéficie conjointement des conditions nécessaires à l'accès à la langue orale.
Pour ne pas se contenter d’une communication pauvre ou approximative, les parents entendants devront faire la démarche de suivre des cours de LSF. Faire le choix de cette langue est donc un choix exigeant pour les parents.
Extrait des Cahiers de Communiquer,
"Un Guide pour ses premières années. Mon enfant n'entend pas." |
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Contact
Association des Parents d'Enfants Déficients Auditifs du Calvados
18, rue de la gare
14000 Caen
tél : 02 31 77 29 81
contact@apedac.fr |
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