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Une éducation auditive adaptée
L'entraînement auditif
Dès le diagnostic établi, il est important que l’entourage éveille l’enfant au monde sonore et lui propose un entraînement auditif. Il s’agit de le rendre attentif aux bruits qui lui parviennent ainsi qu’aux sons de la parole et de l’exercer à les reconnaître et à les distinguer les uns des autres.
Cependant, les différents canaux de perception (auditif, visuel, moteur…) doivent être associés pour la constitution des images mentales. Ces apprentissages sont utiles lorsque l’enfant apprend à lire.
L’éducation auditive se fait :
- d’une part lors des séances d’orthophonie (avec éventuellement des appareils plus performants que les prothèses individuelles ou avec d’autres techniques) ;
- et d’autre part chaque jour, dans les situations que vous vivez avec votre enfant, en ayant le souci de partager avec lui la découverte de l’environnement sonore.
Avec l’orthophoniste, il s’agit d’un entraînement systématique. A la maison, votre action consiste à lui faire découvrir et reconnaître les bruits et sons familiers qui l’intéressent.
Il n’est pas souhaitable que vous reproduisiez systématiquement la séance faite avec l’orthophoniste, il vous faudra bien plutôt tirer parti de toutes les situations de la vie quotidienne et partager avec votre enfant le plaisir d’entendre – un tant soit peu – et de comprendre les messages de l’environnement.
Cependant, les bruits, souvent de faible intensité ou de courte durée, sont insuffisants pour entraîner une réaction spontanée de sa part. Attirez son attention et encouragez-le à écouter et, peu à peu, l’enfant va remarquer que des objets ou les personnes—comme lui-même— sont émetteurs de sons.
Des idées à retenir
• On ne reconnaît que ce que l’on connaît. Pour reconnaître une information sonore, il faut d’abord l’avoir entendue. Par exemple, pour qu’un enfant reconnaisse auditivement le mot «papa», il faut qu’il l’ait perçu et ait appris à le connaître comme message sonore. De plus, pour qu’il associe ces sons («papa») à la personne si importante qui vit auprès de lui, il faut que l’entourage lui ait signifié de nombreuses fois le rapport entre les sons de ce mot et la personne.
Lorsque le cerveau aura mis en mémoire ce rapport, il pourra s‘y référer et décoder le message chaque fois qu’il le recevra.
• Plus la surdité est importante, plus l’enfant recourt aux vibrations auxquelles il est particulièrement sensible, par le contact direct avec ce qui émet des sons (hauts-parleurs, aspirateur…) mais aussi en touchant votre gorge ou votre poitrine qui vibrent lorsque vous parlez ou chantez.
• Avant que l’enfant soit appareillé ou lors des rares moments où il ne porte pas ses prothèses, vous pouvez faire une éducation oreille nue, en lui chantant ou lui parlant près de l’oreille (sans la toucher avec vos lèvres, ce qui peut lui être désagréable) sans crier mais d’une voix un peu plus forte que la normale.
• Conseillés et guidés par l’orthophoniste et l’audioprothésiste, vous apprendrez à estimer ce que peuvent lui « apporter » ses prothèses pour la réception de la parole des autres comme pour l’émission de sa propre voix et de sa parole (au niveau de leur contrôle, du rythme et de la mélodie comme de la reconnaissance des phonèmes).
• Il ne suffit pas de porter une prothèse, il faut apprendre à entendre et à utiliser ce que l’on entend. Cette éducation auditive est toujours possible, elle est nécessaire, elle fait partie intégrante de l’éducation d’un enfant sourd.
• Les effets d’une éducation auditive bien menée peuvent parfois faire croire à l’entourage que « le seuil d’audition s’est amélioré ». Il n’en est rien ! Mais l’enfant est devenu attentif et sensible au monde sonore dans lequel il prend de plus en plus de repères de sens.
• Si l’enfant est multihandicapé mais dispose de « restes auditifs », toutes ces indications gardent leur pleine valeur. Il faut solliciter sans cesse son audition, en lui parlant, lui chantant, sans se décourager de son absence apparente de réponse. Toutefois le rythme de l’éducation auditive risque d’être beaucoup plus lent.
• Les difficultés et les blocages, dûs aux autres handicaps, amèneront les orthophonistes et les éducateurs à explorer d’autres modes de communication (tactiles ou mimiques et corporels par exemple) en appui de l’éducation auditive proprement dite. Pour les sourds-aveugles, les sourds handicapés moteurs, les sourds déficients mentaux, l’éducation auditive doit associer la parole, le son, le geste, le langage gestuel plus structuré, l’écriture des pictogrammes en gros caractères, en relief, et l’alphabet dactylologique ainsi que le braille.
Une première étape vise la compréhension de la valeur symbolique du geste et/ou de l’objet.
La place de l’orthophonie
Pour aider votre enfant à exploiter ses possibilités de communication orale, l’action de l’orthophonie sera précieuse et son intervention durera de nombreuses années. Son rôle est d’exercer de manière systématique, afin de les développer chez l’enfant et l’adolescent :
- les moyens de connaître et reconnaître les éléments de la langue (écoute et
lecture labiofaciale),
- d’exprimer sa pensée de la manière la plus compréhensible possible (langue orale et écrite),
- de parler de la manière la plus intelligible possible (voix, articulation et
parole).
Bien sûr, l’orthophoniste adapte les activités et modules les exigences en fonction de l’âge et des possibilités de l’enfant.
L’orthophoniste lui fera prendre conscience du monde vibratoire et sonore qui l’entoure et de ses propres émissions vocales ; elle développera son attention tant visuelle qu’auditive ; elle lui proposera toute sorte d’activités de perception, d’échanges, de manipulations, etc.., qui tendent à la construction de la pensée logique, à la maîtrise du souffle et des organes phonateurs, à l’affinement du sens vibratoire, à la reconnaissance des messages et à la précision des premières émissions orales.
Chaque séance dure en moyenne 45 minutes. Avec le jeune enfant, il est indispensable de passer par le jeu afin d’entretenir le plaisir de communiquer. Peu à peu les exigences de «travail» augmenteront. Chaque orthophoniste construit le plus souvent «sa» propre méthode, en combinant des techniques diverses et des éléments de méthodes orthophoniques reconnues. Elle peut choisir d’employer une ou plusieurs modalités de communication pour parvenir à l’acquisition du langage oral, son objectif étant de proposer des situations et des moyens en fonction de ce qu’elle observe chez l’enfant et des buts qu’elle s’est fixés.
En séance de rééducation, afin de personnaliser l’entraînement auditif, l’orthophoniste peut utiliser des appareils, dits «de table», qui amplifient énormément les sons ou améliorent le rapport signal/bruit, ou encore permettent de sélectionner et (ou) transposer certaines fréquences en fonction de la courbe et du comportement auditif de l’enfant. Elle peut également se servir d’un vibrateur, d’un plancher vibrant, d’un ordinateur et de logiciels, ces derniers apportant une visualisation des performances vocales de l’enfant. Compte-tenu du coût élevé de certains de ces moyens, ils existent essentiellement dans les services ou établissements spécialisés, et ne sont pas encore généralisés.
Précisons qu’une orthophoniste qui désire prendre en charge l’éducation d’un enfant sourd doit avoir complété sa formation initiale (études paramédicales sanctionnées par le certificat de capacité d’orthophonie) par des stages et formations spécifiques.
Certains orthophonistes sont spécialisés dans la surdité et d’autres ne le sont absolument pas.
Parmi les méthodes orthophoniques, signalons principalement la méthode Borel-Maisonny et la méthode verbo-tonale.
Madame Borel-Maisonny a fondé l’orthophonie en France dans les années 50. Sa méthode a pour objectif de
- organiser la pensée de l’enfant grâce à des interactions soutenues par le langage orale et explicitées par une mimique très expressive (mises en scènes, jeux, images, histoires…) ;
- construire le code linguistique oral et écrit en suivant avec rigueur la
progression d’acquisition de l’enfant entendant ;
- aider l’enfant à acquérir la parole la plus intelligible possible en lui faisant prendre conscience des éléments de la voix, de l’articulation et de la parole.
Des gestes de soutien évoquent pour chaque phonème son mode ou son point d’articulation ou sa forme écrite, ou encore une combinaison des deux indices.
A peu près à la même époque, le professeur Gubérina (Zagreb) mettait au point la méthode verbo-tonale. Celle-ci a pour objectif l ‘émission spontanée de la parole, entraînée par les mouvements du corps. Elle propose une éducation globale avec
- des exercices de rythme corporel et rythme musical
- une éducation auditive avec prothèses et/ou appareils spécifiques (SUVAG) ;
- l’utilisation du graphisme phonétique comme support de mémorisation de la parole.
Extrait des Cahiers de Communiquer,
"Un Guide pour ses premières années. Mon enfant n'entend pas." |
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Contact
Association des Parents d'Enfants Déficients Auditifs du Calvados
18, rue de la gare
14000 Caen
tél : 02 31 77 29 81
contact@apedac.fr |
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